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6 février 2006 1 06 /02 /février /2006 00:32
L'élève Jennifer lit, le chien Ross l'écoute
LE MONDE | 04.02.06 | 13h28  •  Mis à jour le 05.02.06 | 11h21
GAITHERSBURG (Maryland) ENVOYÉE SPÉCIALE
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La directrice de l'école le reconnaît : "Au début, ça m'a paru complètement farfelu." Elle s'est habituée, les professeurs aussi, et plus personne, à la Washington Grove Elementary School de Gaithersburg, ne s'étonne de voir arriver Barbara Murgo avec son chien. Comme tous les mardis matin, on accroche sur la porte de la classe la pancarte Beware, dog reading (Attention : chien lisant). La séance peut commencer.

Ross, 8 ans, s'installe sur le tapis de lecture. C'est un setter irlandais de 48 kilos. Il a le poil long, couleur châtaigne, et trois cartes d'accréditation autour du cou. Précisons-le tout de suite : ce n'est pas lui qui lit, ce sont les enfants. Ross se contente d'écouter.

Chacun à leur tour, les écoliers viennent s'asseoir sur le tapis, et lisent une histoire au grand chien. Ils choisissent généralement une histoire d'animaux : Si vous donnez un cookie à une souris ou Tom le télé-chat. Au besoin, ils lui montrent les photos. Barbara Murgo aiguille l'apprentissage. "Est-ce que tu peux expliquer à Ross ce que veut dire le mot imagination ?" Jennifer Flores, 10 ans, n'est pas très sûre de la définition. Barbara explique. Deux pages plus loin, Ross ne sait pas non plus ce que signifie "pollution". "C'est comme chaud ?", interroge la fillette.

La lecture à chien est une méthode pédagogique qui commence à entrer dans les écoles américaines. Elle est destinée à encourager la lecture. "Les enfants sont en confiance. Ils n'ont pas peur de faire des fautes", dit Barbara Murgo. Le grand avantage du chien, c'est qu'il n'a pas l'esprit critique. "Il ne va pas corriger les élèves, ou les reprendre. Il les accepte tels qu'ils sont". Il n'y a qu'à regarder Ross. Ce n'est pas lui qui irait reprocher à Martha Leonzo, qui est en CM2, de dire "planète" pour "pacifique". Il est affalé sur le tapis, en position de sphinx, et il a commencé à fermer les yeux.

La méthode (dite R.E.A.D pour Reading Education Assistance Dogs) a été inventée dans l'Utah. Elle a été inaugurée à la bibliothèque municipale de Salt Lake City en 1999. Les enfants étaient récompensés par des livres enrichis d'autographes, si l'on peut dire, de la patte du chien. Le programme s'est répandu dans quarante-cinq Etats. On compte 850 brigades canines. Sur les 130 écoles publiques de ce coin de Maryland, deux l'utilisent. Les enseignants n'en font pas une affaire. Ils reconnaissent aisément qu'ils n'ont pas le monopole du soutien scolaire. Kathy Van de Poll, l'institutrice de Gaithersburg, n'est pas vexée. "C'est très différent de ce que nous pouvons offrir. Cela ajoute du plaisir à la lecture."

Les chiens sont formés. Ils ont passé un examen médical et un test de personnalité. Ils doivent être calmes et sociables. Avant les sessions, ils sont brossés et passés au déodorant pour limiter les risques d'allergies. Ross n'a pas eu de difficulté. A peine a-t-il enfilé son harnais vert qu'il se sent en mission. En plus de la lecture, les enfants sont invités à brosser le chien ou à lui caresser les oreilles. La relaxation aide les enfants. "Ils sont moins nerveux à l'idée de devoir lire". Quand on demande à Martha ou à Jennifer si elles aiment lire des histoires à un chien, elles donnent la même réponse : "Il écoute, il fait attention". La preuve, dit Christian Posada, 9 ans : "Il agite la queue."

La Washington Grove Elementary School utilise surtout la méthode pour les enfants de langue maternelle hispanique. Comme dit la directrice, Kathy Brake, l'école est "un reflet de l'Amérique d'aujourd'hui". Elle compte 45 % d'Hispaniques, 22 % d'Africains-américains, 12 % d'Asiatiques. Derrière son visage rural de village du Maryland, Gaithersburg abrite une communauté dortoir, à 40 km de Washington. La moitié des 355 enfants ont droit à la cantine gratuite, ce qui signifie qu'ils vivent sous le seuil de pauvreté. Quand Ross n'est pas là, c'est Tucker, un épagneul, qui prend le relais sur le tapis de lecture. "J'aimerais qu'on puisse avoir plus de chiens", dit la directrice.

Corine Lesnes
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